« Les études d’art, c’est du sérieux »

Benoît Floch revient sur l’attractivité des études artistiques dans le journal Le Monde.

« Finie la vision bohème et vaguement romantique des beaux-arts. Le candidat aux exigeantes études d’art est dorénavant un pragmatique qui prépare minutieusement des concours hyper sélectifs. « Les candidats ont compris qu’on ne vient pas dans notre école en touriste. Il faut travailler. Je pense que nous sommes sortis d’une vision idéaliste, naïve des études d’arts », ajoute Gaïta Leboissetier, directrice adjointe chargée des études à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. « Le nombre de candidats tourne autour de 650 à 700 pour les 80 places de première année, et 250 à 300 pour les 40 places ouvertes en cours de formation », ajoute-t-elle.

Bref, les études d’art, c’est du sérieux, et ce, dès le départ. (…)

Il existe deux voies principales pour intégrer ce monde qui fait rêver. Les « beaux-arts » forment « les artistes purs », explique Elisabeth Poinat, conseillère d’orientation – psychologue au centre d’information et d’orientation Médiacom, à Paris. « Ce sont des jeunes originaux, créatifs qui ont un fort besoin de faire passer leurs émotions », dit-elle. Onze mille d’entre eux suivent un cursus de cinq ans conduisant à un diplôme reconnu au grade de master dans l’un des 45 établissements publics dépendant du ministère de la culture. Parmi ceux-ci, les prestigieux Arts déco, Beaux-Arts de Paris ou l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (Ensci, « Les Ateliers »). « Il n’existe pas d’écoles privées au niveau des écoles nationales ou régionales des beaux-arts », précise-t-on chez Médiacom.

« DES ÉTUDES PLAISIR »

La deuxième voie, ce sont les arts appliqués, soit toutes les disciplines associées de près ou de loin au design : l’art de l’objet, de l’écrit (le graphisme) ou de l’aménagement d’espaces. Là aussi, de très nombreux établissements existent, privés comme publics (dépendant du ministère de l’éducation nationale). Les plus réputés sont les historiques écoles Boulle, Estienne, Camondo Penninghen ou Olivier-de-Serres.

(…) Le ministère de la culture souligne que le « taux d’insertion, s’il n’atteint pas les 85 % de l’architecture, représente 68 % de diplômés insérés à trois ans dans un emploi en rapport avec la formation et 78 % en activité professionnelle (dans le champ et hors champ du diplôme) ».(…)

« UN ENGAGEMENT, UNE CONSTRUCTION DE L’ESPRIT »

Plaisir ? A voir. Même s’ils en ont le droit, très peu de bacheliers entrent aux Beaux-Arts de Paris dans la foulée du baccalauréat, confie Mme Leboissetier. La majorité d’entre eux doivent passer par une année de classe préparatoire. Publiques ou privées, ces formations se multiplient. « Les écoles ont un niveau d’exigence plus élevé qu’avant », justifie Mme Leboissetier qui ajoute : « Suivre une prépa permet de se cultiver, de pratiquer… » Et ce n’est qu’un commencement : « Etre un créateur, ça ne vient pas comme ça. Cela nécessite un engagement, une construction de l’esprit. Un artiste doit travailler beaucoup, faire beaucoup d’essais avant de trouver. »

Côté arts appliqués, le chemin n’est pas plus facile. Les bacheliers généraux sont tenus de passer par un an de mise à niveau en arts appliqués (Manaa). Seul le bac technologique « sciences technologiques du design et des arts appliqués » (STD2A) peut en dispenser. Là aussi, la sélection est rude. « Nous recevons en moyenne 700 dossiers de candidature pour 22 places », témoigne Guy Le Levé, professeur à la Manaa du lycée Vauban de Brest. Cet obstacle ne sera pas le seul à devoir être franchi. Suit en effet la sélection pour intégrer un brevet de technicien supérieur (BTS) ou un diplôme des métiers d’arts (DMA). Après ces deux diplômes, ils ont encore la possibilité de faire un diplôme supérieur d’arts appliqués (DSAA). « Il y a encore six ou sept ans, les étudiants sortaient après leur BTS, explique Dorothée Clerc, de l’Ecole Estienne. Aujourd’hui, la plupart continuent parce qu’ils se disent que ce ne sera pas suffisant pour trouver un emploi. » Reste que pour les lycéens, la grande affaire est d’abord d’intégrer ! »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2014/05/14/une-nouvelle-generation-d-etudiants-en-arts_4416664_1473685.html#KavRBMhZ6C1Fl49w.99

Comments

  • By Isabelle Royer - on

    Dans le journal Le Monde de décembre 2015
    Les formations artistiques sont totalement bouleversées par la révolution des nouvelles technologies. « Le numérique est un extraordinaire accélérateur de changement », résume Nathalie Berriat, directrice de Gobelins, l’école de l’image. La donne évolue sur le plan technique avec la multiplication de nouveaux outils, de logiciels, mais c’est surtout en matière pédagogique que la révolution se joue.(…)

    Les écoles se voient contraintes d’innover, sous peine de ne plus être en phase avec leur public. « Les étudiants qui entrent aujourd’hui dans nos écoles ne sont plus les mêmes, souligne Emmanuel Tibloux, président de l’Association nationale des écoles supérieures d’art (Andéa) et directeur de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon (Ensba Lyon). Ils arrivent avec des compétences numériques, mais aussi des habitudes, des façons de faire qu’on a vues évoluer très rapidement. Leur rapport au savoir, aux images et aux données est tout autre : il y a l’idée que tout est disponible, avec un stock infini à disposition. »

    Les établissements ont donc adopté de nouveaux outils.(…)
    Ce souffle d’innovation pédagogique imprègne aussi la recherche.(…)
    Très investies dans le champ du numérique, les écoles d’architecture creusent, elles aussi, ce sillon. (…)

    A-t-on encore besoin de savoir dessiner pour devenir architecte ? « Si vous ne savez pas dessiner, vous ne pouvez pas utiliser un logiciel, affirme Nasrine Seraji. Et les maquettes sont toujours découpées à la main, pour comprendre la résistance des matériaux. » Même logique dans les écoles d’art, où le dessin, la sculpture et la peinture continuent d’être enseignés : « Certains de nos étudiants se destinent au Web ou au multimédia, mais d’autres deviendront peintres ou sculpteurs, rappelle Emmanuel Tibloux. Tous ces domaines se mêlent, du fait de l’infusion du numérique dans tous les champs de la création, et cette hybridation est propice à la créativité. »

    Concernant le cinéma d’animation, à côté de la culture « métier » axée sur les outils numériques, la culture de l’image demeure essentielle et passe toujours par l’écriture et le dessin, souligne Gilbert Kiner. (..)
    La plupart des écoles commencent d’ailleurs par enseigner les méthodes traditionnelles en première année. (…)

    Même si elles sont omniprésentes, les technologies numériques restent au service de la créativité, assurent les écoles. De fait, sur le marché du travail, ce sont toujours les profils d’artistes qui s’avèrent les plus recherchés. Et la manière de concevoir les projets reste la même, indépendamment de la spécialisation des métiers liée à l’industrialisation des processus. « On forme d’abord des têtes bien faites, en essayant d’anticiper les changements technologiques », explique Gilbert Kiner. Plus que des compétences techniques, c’est la capacité à créer qui fait la différence.

    Diane Galbaud

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/12/03/les-ecoles-d-art-font-leur-revolution-numerique_4822902_4401467.html#HcBGy39iQ68jXRbM.99

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