Le Monde publie les Grands textes de la liberté d’expression

La liberté d’expression est un combat, mené depuis des siècles contre le despotisme, la censure, l’Inquisition. On le croyait gagné, pour l’essentiel, dans les pays démocratiques. Le « premier amendement » de la Constitution américaine en 1787, puis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 n’avaient-ils pas solennellement proclamé cette liberté ? Ce combat, pourtant, n’est jamais terminé. Il requiert une vigilance constante, contre tous les pouvoirs, tous les fanatismes, notamment religieux.(…)
Liberté d’expression-République-démocratie : ce triptyque s’est imposé, en France, depuis la Révolution. Dans les principes et dans les mots, d’abord. Dès le 24 août 1789, les députés des trois ordres (noblesse, clergé, tiers état) à l’Assemblée constituante abordent la discussion de ce qui deviendra l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme. Le texte préparatoire manque de simplicité et c’est le duc de La Rochefoucauld d’Enville, aristocrate libéral, ami des Etats-Unis naissants et traducteur de Benjamin Franklin, qui recentre le débat : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Il reviendra à la République, un siècle plus tard, d’adopter la loi fondatrice du 29 juillet 1881 : « La librairie et l’imprimerie sont libres », tranche, enfin, son article 1.
Grand texte libéral, cette loi saura s’adapter aux révolutions de la radio, de la télévision et de l’Internet. Elle supprime tous les délits d’opinion et confie à la justice, et non plus au législateur, le soin de poursuivre d’éventuels crimes ou délits commis par voie de presse contre des particuliers (injure, atteinte à la vie privée, diffamation) ou des autorités publiques (offense aux personnalités étrangères ou offense au chef de l’Etat, cette dernière abrogée en… 2004).(…)

Les limites à la liberté d’expression y sont posées par la loi démocratique, non par le dogme religieux. Selon la première, le délit de blasphème n’existe pas : s’il est interdit d’insulter les croyants, il est autorisé de moquer les religions, de caricaturer le Prophète des musulmans comme le Dieu des chrétiens ou des juifs.

Sauf à remettre en cause le fondement même de la République, la loi religieuse ne saurait s’imposer à celle des hommes. Surtout quand elle sert de motif à l’assassinat de quiconque la conteste. Face à cet obscurantisme, face à pareille menace, la défense de la liberté d’expression reste un combat vital.Gérard Courtois

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