Le 7e art s’est trouvé une grammaire dès ses débuts
Lumière ! L’aventure commence Réalisé par Thierry Frémaux (2016)
Expérience artistique, chronique sociale, publicité pour une entreprise qui s’est déjà imposée sur le marché de la plaque photographique, hommage de patrons à leurs salariés : Sortie d’usine, le premier film de l’histoire du cinéma, est tout cela à la fois. Comme le note Thierry Frémaux, qui, en tant que directeur de l’Institut Lumière de Lyon, a supervisé avec Bertrand Tavernier la restauration et la diffusion des films tournés par les frères Lumière à partir du printemps 1895 (Lumière ! l’aventure commence, en salle), « ce sont des inventeurs devenus industriels, proches de leurs ouvriers – d’ailleurs, devenus riches, ils sont restés dans le quartier de l’usine. Le premier personnage de l’histoire du cinéma, c’est donc le peuple ».(…)
Composer l’image
(….) le cinéma est un art, annoncent les frères Lumière en composant le cadre de cette partie de cartes comme Cézanne a conçu certaines versions des Joueurs de cartes : « Trois personnes autour d’une table, un homme debout », observe Thierry Frémaux, qui veut mobiliser les historiens d’art pour déterminer si Louis Lumière connaissait le tableau avant de tourner ce film.(…)
Faire rire
Les premières projections se font en famille, devant des scientifiques et des industriels. Ce sont des documents pris à la réalité, même si l’on distingue déjà des éléments de mise en scène. Dès juin 1895, les frères Lumière tournent le premier film de fiction, Arroseur et arrosé, qui sera montré lors de la première projection payante à Paris.
Montrer l’ailleurs
Dès 1896, les frères Lumière ont envoyé des opérateurs à l’étranger. Gabriel Veyre, lyonnais comme ses employeurs, est le plus fameux de ces pionniers. En 1900, date de ce moment de bonheur cinématographique, il a perfectionné son art. On a déjà filmé d’un bateau, d’une voiture, d’un ballon. Cette fois, le cameraman est installé dans une chaise à porteurs après laquelle courent des enfants d’un village de l’actuel Laos, alors sous domination française.
(…)Quand l’équipe de l’Institut Lumière a montré ces films au cinéaste indien Mrinal Sen, celui-ci a observé : « Le cinéma ne juge pas, il oblige à regarder. »
- Thomas Sotinel
Journaliste au Monde
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