« Il ne s’agit pas seulement d’être représentés par des représentants mais de se représenter comme sujets politiques »

Dans LE MONDE :
 
La représentation politique est « en crise » ? Nous ne nous sentons plus correctement « représentés » par les hommes politiques ? Et cette crise nous saisit, nous obnubile, nous tétanise ?

Dans « Le Miroir et la Scène. Ce que peut la représentation politique », Myriam Revault d’Allonnes répond par une enquête sur la polysémie du mot.
Car si l’on déplore que nos hommes politiques ne nous « représentent » pas, c’est parce que nous assimilons la représentation à une identité. Le monde tournerait autrement s’ils nous ressemblaient vraiment, avec des femmes, des hommes, des Noirs, des Blancs, des ouvriers et des entrepreneurs, entend-on souvent dire… Toute la réflexion de Myriam Revault ­d’Allonnes tient dans le refus de ce qu’elle considère comme une fausse évidence.(…)
il est impossible de penser la représentation comme une simple adéquation sans voir qu’elle possède aussi un caractère performatif : elle fait advenir autant qu’elle rend présent. « Il ne s’agit pas seulement d’être représentés (par délégation de pouvoir ou par mandat) par des représentants, écrit l’auteure, mais de se représenter comme sujets politiques, de se vivre comme citoyens à travers l’opération représentative. »(…)
« C’est la représentation dans son caractère d’acte que doivent se réapproprier les citoyens », écrit-elle. Agir et se représenter comme êtres agissants, voici l’une des clés de la vie démocratique, trop souvent laissée de côté. C’est l’une aussi des plus fragiles, la philosophe le sait. Dans des sociétés « marquées par l’instabilité, la fluidité, le triomphe de l’instant », la capacité à agir, à se raconter, est fragilisée. C’est pourtant là qu’est l’espoir, dans la réorientation du regard, de la théâtralité symbolique des gouvernants vers la scène où s’exprime la capacité d’agir de chacun.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/livres/article/2016/08/25/en-scene-citoyens_4987680_3260.html#XyxEV3mPYdLv5wml.99
                                                philo

Dans TELERAMA :

 

La culture fait-elle encore lien ? Est-elle véritablement l’ultime lien qui nous rassemble ? On voudrait croire en cette proposition généreuse en dépit du désarroi généralisé qui nous saisit tous aujourd’hui : désarroi politique, désarroi conceptuel, désarroi économique et social.

Cette situation où prévaut aujourd’hui le sentiment que nous ne parvenons plus vraiment à faire du « commun » a eu pour effet d’installer à l’arrière plan (en tout cas d’en faire une préoccupation apparemment secondaire aux yeux de nos gouvernants) l’objectif d’une « démocratisation » de la culture qui avait été l’un des axes majeurs de la politique culturelle française. André Malraux comme Jack Lang avaient tous deux, dans des perspectives certes différentes, voulu « faire accéder aux œuvres » le plus grand nombre de Français. Or cette visée présupposait implicitement que la culture pouvait faire lien et que l’un de ses vecteurs était l’élargissement des possibilités d’accès du public au monde de l’art (quelle que soit la manière dont ce dernier était défini).

La « crise de la culture » – pour reprendre la célèbre expression de Hannah Arendt – est aujourd’hui telle qu’elle a entamé le postulat de ce possible socle partagé. La culture n’est pas sortie indemne de l’extrême difficulté où nous nous trouvons aujourd’hui à produire du commun. La culture est une donnée essentielle de l’expérience que partagent les membres d’une société : or les processus de fragmentation des expériences et des parcours individuels, les nouvelles figures du temps marquées par la tyrannie de l’instant semblent remettre en question la possibilité même d’un tel partage.

On admettra qu’il n’y a pas d’invention ou d’innovation culturelle sans que demeure vivant un lien au passé et à la mémoire. Or notre orientation vers l’avenir paraît aujourd’hui déconnectée des acquis du passé, ce qui rend problématique l’idée d’une culture commune, autrement dit démocratique.

Il en va de même en ce qui concerne les échanges entre les individus et la société, entre le soi et les autres : la culture qui distingue l’ « élite » cultivée, le public « éclairé » se différencie d’une certaine consommation de masse des objets culturels dont Hannah Arendt écrivait déjà qu’elle relevait de l’industrie du « loisir » et du divertissement plus que d’un véritable partage de l’expérience. (…) Et ce n’est que (…) par une véritable diffusion de la culture (qu’il est possible) de transcender le clivage entre les produits culturels destinés à la masse des consommateurs et la culture « savante » réservée au petit nombre. Michel Abescat

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