GOOGLE AS A MEDIUM / EXPOSITION

Du 16 janvier au 6 février 2019 Ecole Supérieure d’Art & Design Le Havre/Rouen – ESADHAR

« Les premiers photographes du 19 siècle partirent arpenter le monde, chambre photographique sur l’épaule, afin de documenter la planète, ses paysages, les hommes et leurs coutumes. Avec le projet Google as a medium, Lionel Bayol-Thémines troque la chambre photographique pour un ordinateur couplé à des satellites et à un programme de prises de vues et explore derrière un écran, un nouvel espace, le « Big Data ». Les principes mêmes de la photographie (point de vue, cadrage, instant décisif…) y sont toujours convoqués. Il traque les erreurs de représentation du paysage, les bugs, il se sert de Google comme d’un nouveau medium de création des images, il contraint le programme à produire de l’accidentel, de l’improbable, de l’imprévu et de l’imprévisible en faisant l’expérience de ne pas respecter son protocole d’utilisation.

Les préoccupations premières de ce travail sont d’explorer ce nouvel espace géographique, ses paysages, de documenter quelque chose de virtuel, d’interroger la diffusion des images et les programmes qui les génèrent. C’est une expérience sur la nature du médium photographique et une investigation sur les mécanismes de diffusion des images sur Internet. »

La cartographie a de tout temps été un instrument de pouvoir, de domination, de définition des normes économiques et sociales. La vision d’en haut, cet œil de Dieu sur la terre, fut longtemps l’apanage des états, mais ce pouvoir appartient aujourd’hui à des sociétés comme Google, qui, avec GoogleEarth, contrôle
–à son profit– les moyens de rendre compte de la carte du monde….
 
Mais la particularité de Google Earth est qu’il ne s’agit pas d’images photographiques, mais de bases de données, provenant de diverses sources et retravaillées par des algorithmes pour nous donner l’illusion d’une représentation photographique….
 
Lionel Bayol-Thémines prend la main et, non content d’archiver ses déraillements, il intervient dans le
logiciel pour le faire dérailler. Deux des protocoles de Lionel Bayol-Thémines suivent eux aussi des démarches de récolte, mais d’une récolte très sélective. L’un, Blind Zone, s’intéresse aux zones aveugles, non cartographiées par Google Earth car présumées vides de toute information d’un quelconque
intérêt, en général des étendues maritimes ou des banquises près des pôles.
 
Son autre protocole « passif »,Space,consiste à sélectionner sur la carte les seuls pictogrammes indiquant des activités commerciales ou touristiques, créant ainsi une constellation de signes dénotant consumérisme et marchandise en lieu et place de la carte physique….
 
Son protocole Nature est bien plus actif : il consiste, en variant l’approche et l’altitude, à découvrir des zones où le logiciel de représentation bogue, où il ne représente plus le monde (même déformé comme chez Valla), mais une pure abstraction graphique composée de plaques de couleur,
de formes angulaires et d’articulations désaxées n’ayant plus aucun rapport avec la réalité….
 
Enfin le protocole Cities est le plus activiste, et le plus dérangeant. Bayol-Thémines exploite certains bugs
de l’algorithme de Google Earth pour pénétrer à l’intérieur de bâtiments et s’y déplacer, en véritable passe
-muraille clandestin, comme le Monsieur Dutilleul de Marcel Aymé, ou, plus malicieux, le Don Cléofas du Diable Boiteux….
 
La liberté humaine n’a plus guère de place au sein de dispositifs automatiques, programmés et programmant comme Google Earth: seuls des artistes comme Lionel Bayol-Thémines peuvent tenter de ménager un espace de liberté dans ce monde dominé par les apparatus, « seule forme de révolution qui nous soit encore ouverte ».
 
Marc Lenot
 
 

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