Faire du théâtre selon Ostermeier
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« Je cherche à faire un théâtre qui surmonte la vie ». A l’école des beaux-arts et du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, mardi 23 juin, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier expose les fondements de sa méthode de travail. (…)« Je suis un spectateur devenu metteur en scène pour mieux comprendre le théâtre » lance Thomas Ostermeier en introduction.
Le Berlinois fustige un théâtre contemporain qu’il juge souvent trop éloigné de la vie, où les comédiens multiplient les artifices et les prouesses techniques mais ne parviennent pas à une interprétation « raffinée » et « crédible ». Ostermeier se défend de vouloir platement « imiter la vie » – son théâtre privilégie l’intensité dramatique à chaque scène – mais affirme qu’il est nécessaire à l’acteur de puiser dans son intimité pour être le créateur d’un « théâtre non théâtral ». Afin de « déclencher le jeu » de ses acteurs, le metteur en scène s’appuie sur ce qu’il appelle « quatre piliers ». A commencer par le rythme et le mouvement. « Les metteurs en scène contemporains ont perdu le groove ! Le théâtre d’aujourd’hui est trop souvent dans la main des dramaturges et des faux intellectuels », dit-il. Lui entend placer le rythme et la musicalité au coeur de son théâtre. S’inspirant du « montage d’attractions » développé par le cinéaste russe Eisenstein, Ostemeier affirme qu’il est pour lui nécessaire « qu’il se passe toujours quelque chose sur scène ». Par le biais d’exercices, ses comédiens travaillent donc à la fois la rythmique du texte et du corps…
Deuxième pilier, Constantin Stanislavski et ses « circonstances majeures ». Le comédien et metteur en scène russe (1863-1938), dont les théories sur l’acteur révolutionnèrent le théâtre du XXème siècle, propose au comédien de s’appuyer sur « les circonstances données » qui déterminent un rôle (indications fournies par le dramaturge sur le passé des personnages, leur environnement, leur origine sociale…). Thomas Ostermeier parle lui de « circonstance majeure », c’est à dire « la situation qui déclenche un jeu » et qui rend la confrontation entre les personnages nécessaire et évidente. (…)
Troisième pilier qui soutient la « méthode » Ostermeier, l’expérience Sanford Meisner (1905-1997). Etablie par l’acteur et professeur de théâtre américain dans les années 1930, cette technique de jeu consiste à placer deux comédiens face-à-face et à les laisser répéter durant plusieurs minutes une série de questions et réponses simples, du type « tu es triste ? » / « je ne suis pas triste». Cet exercice oblige les acteurs à être constamment « à l’écoute » et « au présent », souligne le metteur en scène. (…)
Enfin, afin de faire de l’acteur « un chercheur de la vraie vie », l’Allemand a mis au point sa propre technique qu’il a baptisée « storytelling ». Lors des répétitions, il demande aux comédiens de mettre en scène leur propre histoire à partir d’une situation extraite de la pièce.
Agathe Charnet
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