Une enquête sur les bienfaits du travail des mères.

« Cette recherche montre que, quand les deux parents travaillent, non seulement la famille en bénéficie financièrement, non seulement les femmes, qui aiment leur travail, s’en portent mieux psychologiquement, mais aussi les enfants en retirent de nombreux avantages. »

Annie Kahn rend compte des résultats d’une enquête qui devrait « réconforter celles d’entre nous qui continuent de culpabiliser en allant bosser. » Les enfants des « mères au foyer » se porteraient-ils mieux ?

« Les femmes, dont les mères travaillaient quand elles étaient enfants, ont plus de chance de trouver du travail, d’avoir des postes à responsabilité. Elles gagnent, en moyenne, plus que celles dont les mères étaient femmes au foyer à plein temps », assurent Kathleen L. McGinn, professeur de gestion des entreprises à la prestigieuse Business School d’Harvard (HBS, Etats-Unis), Mayra Ruiz Castro, chercheuse à HBS, et Elizabeth Long Lingo, professeur au Worcester Polytechnic Institute. Leur étude sur « Les effets de l’emploi maternel sur les inégalités de genre au travail et à la maison, à l’échelle internationale » vient d’être publiée par la Harvard Business School.

Cette étude est statistiquement très solide, puisque fondée sur des enquêtes menées auprès de 18 152 hommes et 13 326 femmes de 24 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Australie, en 2002 et 2012. Le Programme international d’enquêtes sociales, auquel le Centre national de la recherche scientifique est associé pour la France, est au cœur du dispositif.

Les mères qui travaillent influencent aussi positivement leurs fils. « Les hommes élevés par des mères bosseuses contribuent davantage que les autres aux tâches domestiques et passent plus de temps pour s’occuper de leur famille. » Leur carrière n’en est pas affectée pour autant.

Parallèlement, les filles élevées par des mères ayant exercé un métier consacrent moins de temps que les autres aux travaux ménagers, mais plus pour prendre soin de leurs enfants. « Les mères qui travaillent contribuent grandement à réduire les inégalités hommes/femmes, tant dans la sphère professionnelle que familiale pour les générations suivantes. Il y a peu de situations qui contribuent autant à ce résultat », estiment les chercheuses.

On peut comprendre intuitivement pourquoi. Les filles imitent leur mère qui leur a ouvert la voie. Les mères leur servent de « role model », d’« exemple à suivre », à l’instar des femmes mentors, encore trop rares dans les entreprises, et que seules quelques privilégiées ont la chance de croiser.

Enfants ni plus ni moins malheureux

« En outre, les mères qui ont un emploi transmettent à leurs filles des informations, des façons de faire utiles en entreprise, pour y faire carrière. »

Quant aux fils, ils ont pris l’habitude de mettre la main à la pâte à la maison. Soit par obligation, par amour filial ou par respect pour leur mère. Soit parce que leur père leur a également servi de modèle à suivre, quand lui-même prenait déjà sa part de travaux domestiques. Une situation encore malheureusement très rare, les études sur le sujet montrant la persistance de fortes inégalités dans le partage des tâches familiales !

Loin de se rebeller contre une situation dont ils et elles auraient pâti, filles et fils adoptent, donc, au contraire, le même modèle de vie que leur mère, voire l’amplifient. Ils prônent l’égalité entre les sexes, en opposition avec ceux qui continuent de penser que les rôles de chacun doivent être différenciés : l’homme gagnant le pain quotidien et la femme s’occupant du foyer.

Certains mauvais esprits pourraient argumenter que le travail maternel est, certes, bénéfique sur le plan professionnel, puisqu’il contribue à la carrière des filles, mais que c’est au détriment de leur bonheur, de leur joie de vivre. Il n’en est rien, confirme l’enquête. Les enfants de femmes exerçant une profession ne sont ni plus ni moins malheureux que les autres, selon leurs dires. « Cette recherche montre que, quand les deux parents travaillent, non seulement la famille en bénéficie financièrement, non seulement les femmes, qui aiment leur travail, s’en portent mieux psychologiquement, mais aussi les enfants en retirent de nombreux avantages. »

« Donner aux enfants la chance de rencontrer des personnes, hommes et femmes, qui ont fait des choix de vie très différents sur les plans professionnel et familial, les aidera à voir qu’il y a plein de choix possibles pour réussir leur propre vie au bureau et à la maison », concluent les auteures d’une façon très consensuelle. De quoi rassurer tout le monde, et faire du 8 mars une fête pour tous!

kahn@lemonde.fr

@anniekahn2

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/02/26/le-travail-des-meres-fait-le-succes-des-enfants_4872582_1698637.html#1t5oopSCOcLsMCZq.99

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