Des spectacles avec ballerines sur pointes et princes tout velours

Quatre Lac des cygnes, trois Casse-noisette, trois Belle au bois dormant…(…) Cette offre massive en dit long sur l’attrait de ces monuments classiques qui ­séduisent tous les publics, de l’Opéra Bastille, à Paris, jusqu’au réseau des Zénith.

Ces nombreux spectacles avec ballerines sur pointes et princes tout velours portent avec eux des enjeux esthétiques et sociétaux. Ils donnent la température d’une époque qui renoue avec les récits. Effet boomerang du chahutage social ? Crise des valeurs avec refuge du côté du patrimoine ? « Ce retour au classique signale, selon moi, le goût retrouvé pour la narration, voire le mythe, explique Sylvie Jacq-Mioche, historienne. Il se fait sentir en littérature où le roman est de plus en plus présent, dans le traitement de l’information avec le storytelling, mais aussi au cinéma et à la télévision avec les séries. (…)»

A l’Opéra Bastille, le 7 décembre, un mois avant la première du Lac des cygnes par le Ballet de l’Opéra national de Paris, le spectacle affichait un taux de remplissage de 95 %, avec 2 700 places à vendre chaque soir. « Certains ont beau dire que c’est poussiéreux, c’est ce qui se vend le mieux chez nous, confirme Aurélie Dupont, directrice de la danse. C’est aussi notre force et notre richesse. Le contemporain peut être impeccablement dansé un peu partout dans le monde, le classique en revanche ne l’est que par quelques compagnies. Et le public, qui n’est pas dupe, le sait et a envie de beauté, de qualité, d’exigence. »

L’emprise de la danse classique est un phénomène paradoxal. Alors qu’elle se détache du commun des mortels par sa sophistication, sa virtuosité, elle se révèle un art des plus populaires. « Encore aujourd’hui, les codes du ballet et les conventions sociales qu’ils mettent en jeu sont familiers à la majorité des gens, toutes couches sociales confondues, analyse Patrick Germain-Thomas, sociologue. (…)»

Yann Zenou et Laurent Zeitoun, producteurs du dessin animé Ballerina, sur une jeune fille qui rêve de devenir une danseuse classique, actuellement en salle, soulignent « les messages d’excellence, d’investissement sans faille que le ballet transporte » (…)

Le glamour, valeur à la hausse ? Incontestablement. Les réseaux sociaux et les rubriques people ont arrosé de paillettes le diadème de la danseuse. (…)

Ce succès doit aussi beaucoup au passage à vide que connaît la danse contemporaine. (…)

L’histoire commune du contemporain et du classique est un étrange pas de deux. (…)  En France, lorsque le contemporain s’est dressé contre le ballet au début des années 1980, peu de chorégraphes évoquaient leur formation académique. Depuis quelques années, la scène évolue. Noé Soulier, jeune artiste dans la mouvance conceptuelle, a disséqué les postures du ballet dans trois spectacles. Par ailleurs, la transformation du métier oblige le danseur à être « multi-outillé ». « De nombreux interprètes contemporains suivent des cours de classique pour s’entretenir, constate Pierre-Emmanuel Sorignet, sociologue. Cette technique donne un vocabulaire, une stabilité et une puissance musculaire qui permettent d’affronter la diversité des écritures et un marché du travail varié. Elle fait aussi exister, en particulier auprès du grand public, un imaginaire du danseur qui manque à nombre de productions qui se prétendent d’avant-garde. »

Dans ce contexte, la présence impressionnante des troupes russes programmées en France comble-t-elle un manque ? « A mes yeux, ce sont eux qui ont conservé l’enseignement et la tradition classiques », ajoute le chorégraphe Jean-Christophe Maillot, directeur des Ballets de Monte-Carlo. (…)

Rosia Boisseau

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/scenes/article/2016/12/15/danse-le-classique-c-est-fantastique_5049119_1654999.html#yLK18gj3kSFPeSi0.99

Comments

  • By Isabelle Royer - on

    Bien sûr l’excellence technique peut séduire…Mais quel ennui ! Tous ces corps formatés et semblables, ces costumes, ces maquillages, ces coiffures standardisés, une armée de danseurs étiques, blancs et roses, appliqués dans des postures et des gestes codés, des sauts improbables, …Trop d’uniformité, de monotonie, de répétitions !…

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