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Des cris dans un bocal

 

Des cris dans un bocal Le cas de la famille Coleman, de l’argentin Claudio Tolcachir, mis en scène par Johanna Boyé, Compagnie Les sans chapiteau fixe, au Roi René. 18 juillet 2015

Dans un petit appartement surchargé, les protagonistes, tels des enfants laissés à eux-mêmes, se cognent les uns aux autres, crient, s’embrassent, s’insultent devant nos yeux perplexes.

Dans ce huis-clos étouffant, nous avons d’abord du mal à identifier les personnages. Peut-être le choix des comédiens est-il astucieux : le couple frère et sœur se révèle mère et fils, dérangés mentaux, aux relations incestueuses, et, à l’avenant, une ribambelle de grands enfants apparait, tous nés de cette femme improbable aux allures de gamine. Nous comprenons que la famille s’est organisée vaille que vaille autour des deux handicapés et de la figure centrale de la grand-mère, dans une sorte de surveillance de tous les instants et la crainte du pire. Personne n’est épargné à tenter de border la folie, personne ne peut s’échapper pour « vivre sa propre vie », sauf peut-être Véronica devenue mère de famille bourgeoise essayant en vain de se protéger. C’est la mort de la grand-mère qui redistribuera – un peu – les cartes…

 

De ces êtres marginaux, maltraités, quelquefois drôles, souvent cruels, émane parfois une part d’humanité. C’est notamment le cas du jeune garçon attardé, dont le visage nous évoque le personnage d’Oskar dans Le Tambour, film de Volker Schlöndorff : son portrait est peut-être une réussite, entre réparties d’une intelligence aigüe et absolue carence de limites. Il faut dire que cette famille nombreuse fait partie du quart-monde. Pièce dérangeante qui veut montrer une réalité de détresse difficilement supportable, en raison de l’absence d’issue, mais surtout du rythme accéléré et du niveau sonore. Film politique, fable sociale ? Dénonciation des conditions de vie précaires et des ravages physiques, psychologiques, intellectuels, sociaux, de la misère ? On pense au film d’Ettore Scola, Affreux, sales et méchants. Mais l’on se demande si la mise en scène ne pêche pas par défaut. Montrer sur un plateau saturé des comédiens agités et braillant, dans une ambiance survoltée, toute cette accumulation nous fait vivre une expérience de contamination. Il est étrange de sortir d’un spectacle dans un état d’énervement et d’agressivité, comme si la distance théâtrale avait manqué !

Isabelle Royer

Annette Maignan

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