Cirque Plume : « Nous avons conçu des spectacles populaires sans verser dans le niaiseux ni le commercial. « 

Pour quelles raisons avez-vous décidé de mettre fin à l’aventure du Cirque Plume en annonçant votre dernier spectacle ?

Cette création est le début d’une aventure, pas la fin. Avec un gros bateau comme la compagnie, il faut s’y prendre longtemps à l’avance pour conclure une traversée. La tournée va durer au moins quatre ans et habituellement, pendant cette période, nous relançons un nouveau budget pour une autre production, ce que nous ne ferons pas.(…)Place aux jeunes. (…)

Le collectif que vous composiez avec Hervé Canaud, Michèle Faivre, Vincent Filliozat, Jean-Marie Jacquet, Pierre ­Kudlak, Jacques Marquès, Robert Miny et Brigitte Sepaser est à l’origine du Cirque Plume. Comment avez-vous réussi à conserver cet esprit communautaire pendant vingt-cinq ans ?

Nous y sommes tous encore, sauf ceux qui ont disparu. Nous représentions depuis le début les différents corps de métier – musiciens, techniciens, artistes – et nous avons appris à travailler ensemble. Et aussi, pendant toutes ces années, à nous parler, à vivre ensemble et à nous transformer chacun. Cela ne tombe pas du ciel, c’est une volonté quotidienne et c’est un cadeau de la vie. (…)

La revendication d’un art populaire ouvert au plus grand nombre était au cœur de ­votre travail. Pensez-vous avoir réussi ?

Oui, je crois. Nous avons conçu des spectacles populaires sans verser dans le niaiseux ni le commercial. Nous avons bâti des pièces qui ont intéressé des gens. Je rêvais d’un outil qui puisse ouvrir sur une expérience poétique et le cirque me l’a offert. Nous rêvions de faire du cirque et de changer le monde. Nous avons réussi une chose sur deux.

Les sources d’inspiration que vous ­revendiquiez à vos débuts étaient le Bread and Puppet Theatre, le Living Theatre, Chagall, Baudelaire et Prévert. Le cirque traditionnel est au cœur de vos pièces, même si vous avez construit votre ­savoir-faire en autodidacte. Quelle relation ­entretenez-vous avec la tradition des arts de la piste ?

Plume a représenté quelque chose du cirque dans son essence et on ne l’a pas trahi. Nous ne venons pas de ce milieu, nous sommes partis de rien et avons d’abord imité le cirque traditionnel en respectant la tradition. Peu à peu, nous l’avons fait évoluer en ouvrant différentes voies.

Nous avons d’abord toujours travaillé sous chapiteau. Nous avons conservé la structure avec des numéros, invité la virtuosité, qui ­devient de plus en plus grande chez les jeunes artistes, mélangé la haute technicité avec des numéros plus ou moins éculés, cultivant ­notre réalité pour en faire un atout. Nous ne cherchions pas la perfection, nous avons mis nos forces et aussi nos fragilités sur scène. ­Parallèlement, comme les familles de cirque à l’ancienne qui avaient un mode de vie marginal, nous avons adopté quelques-uns de leurs principes, l’envie d’être libre, autonome. Nous avons eu cette chance de vivre dans une ­liberté totale. Chacun a fait ce qu’il voulait dans un cadre précis.

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« La Dernière Saison », du Cirque Plume, sera l’ultime création du collectif trentenaire.

« La Dernière Saison », du Cirque Plume, sera l’ultime création du collectif trentenaire. Yves Petit

Quels sont, selon vous, les paramètres qui expliquent le succès du Cirque Plume depuis ses débuts ?

Je crois que, dans nos spectacles, l’envie d’être vivant et de jouer au présent est toujours là. Bien sûr, il y a de beaux numéros, mais il y a avant tout des êtres humains avec leurs énergies, qui ont réalisé quelque chose ensemble dans la joie. Nous sommes à l’opposé d’une certaine tendance de la société ­actuelle qui va vite et fait semblant. Nous n’avons pas de recettes de succès, il n’y en a pas pour rester vivant dans son art. Et puis la poésie… nous avons osé la poésie.

Que représente la transmission pour vous ?

Le nombre de jeunes artistes à qui nous avons donné envie de faire du spectacle et qui nous l’ont dit, ceux avec qui nous avons collaboré prouvent que nous avons transmis ce que nous désirions.(…)


Et aussi, en images : Les trente tours de piste du Cirque Plume

« La Dernière Saison », du Cirque Plume, du 30 juin au 5 août (relâche les dimanches et lundis 17 et 31 juillet), à 20 h 30, au Parc de Parilly. De 28 € à 36 €.

Cet entretien est extrait d’un supplément réalisé en partenariat avec Les Nuits de Fourvière.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/scenes/article/2017/05/31/le-cirque-plume-a-ose-la-poesie_5136555_1654999.html#zlU2MtrJzzdfg2LQ.99

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