Assemblée générale du 28 juin 2013

Cette saison est caractérisée par deux éléments :
La revendication de plus en plus assurée d’une identité, originale certes, mais essentielle aujourd’hui, celle d’une association de spectateurs curieux, actifs et libres.
L’élection d’un nouveau conseil d’administration.

Tout d’abord, la composition du CA élu en janvier dernier a permis un renouvellement des énergies et des propositions. Nous nous en réjouissons. Vous savez que j’aime toujours rendre hommage aux actions des uns et des autres, et là encore, plusieurs actions ont été lancées grâce à ces nouvelles forces. Par exemple, vous avez reçu notre 1er semestriel réalisé grâce au travail de Liliane Savary : je crois qu’il témoigne de nos actions et entame une série intéressante… après celle de nos cartes postales qui, par le biais de phrases humoristiques, s’est attachée à dédramatiser la culture.

Pour notre identité, « des spectateurs curieux, actifs et libres », vous avez sûrement été confrontés aux questions du style « Mais qu’est- ce qu’on fait dans ton association ??! ». Et peut-être avez-vous eu des difficultés pour répondre !
Gardons à l’esprit que tout spectacle appelle des publics. Souvenez-vous des échanges à la volée pendant la « représentation »  d’après Shakespeare, de la compagnie des 26 000 couverts : « – Le théâtre a besoin des intermittents du spectacle ! – Et du public, monsieur ! »
On peut dire que le public est le 4ème pilier du spectacle aux côtés de l’auteur, du comédien et du professionnel.
Qu’est-ce que cela veut dire ?

Je dirai volontiers ce que nous refusons : nous ne sommes pas des consommateurs de culture, des clients venus s’amuser dans les parenthèses de la crise, des jauges jugées au tiroir-caisse et à l’applaudimètre.
En revanche nous sommes partants pour des relectures des textes patrimoniaux et des découvertes des arts d’aujourd’hui. Nous ouvrons nos esprits et nos cœurs à ce qui nous touche, nous change, nous élève.
Par exemple nous soutenons tout à fait la « diversité culturelle » liée à « l’exception culturelle » qui risque d’être mise à mal par les négociations entre l’Europe et les Etats Unis…Pour nous la culture n’est pas un bien comme les autres et ne doit pas être soumise aux seules lois du marché. Selon le Monde diplomatique, « les politiques, dans nos démocraties éclairées, ne parlent plus guère de l’art. Dans les discours de F Hollande, le mot « art » était absent : seul apparaissait un « plan national d’éducation artistique ». La « culture » a remplacé l’« art ».Dans le sens de « démocratisation »…Evidemment nous regrettons cet oubli, nous qui pensons l’art comme l’air qu’on respire » !
D’ailleurs, si l’on en croit Michel Guerrin dans le Monde du 22 juin, « une enquête de 2009 montre que ce sont toujours les plus riches et les plus diplômés qui monopolisent l’offre culturelle. Alors que les ouvriers s’effacent un peu plus des théâtres et des musées. » La démocratisation de la culture resterait une utopie et un combat toujours renouvelé…

Du côté de notre « héritage », il est question de nos relations privilégiées avec le Volcan. En effet, nous siégeons en tant que « membre associé » soit trois représentants élus, au conseil d’administration du Volcan et nous y sommes attentifs . Vous avez vu que notre association a considéré les 50 ans de la maison de la culture comme une étape importante dans l’histoire de la vie culturelle havraise.
Deux parutions en témoigneront.
La publication d’un album photos retraçant 50 ans de spectacles depuis 1961. Une souscription est d’ores et déjà lancée avant sa présentation le 15 novembre à la Galerne.
Nous avons demandé à des photographes havrais autour de Pierre Riou et Bernard Hébert, de réunir leurs archives : c’est une opération originale qui permet de rendre hommage à des artistes et des professionnels qui ont accompagné l’histoire de la Maison. Il est devenu difficile de nos jours, voire impossible, de photographier des spectacles de telle sorte que ces photos soient en elles-mêmes artistiques. Jennifer Burford s’est investie dans cette action et nous l’en remercions.

Le deuxième ouvrage est historique, et c’est Sylvie Barot qui nous aide dans cette entreprise, avec le concours des historiens Serge Reneau et Marie-Paule Dhaille.
Chaque intervenant de la journée autour de « Culture et Démocratie », animée par Jean Lebrun, a bien voulu nous remettre un texte. C’est dire que des historiens, des politiques, des analystes, mais aussi les principaux acteurs de l’histoire de la MCH évoquent les souvenirs de leur action et de leur rôle dans cette aventure.
N’oublions pas que tout était à inventer, et que la première maison de la culture a connu une histoire spécifique tout à fait intéressante dans la réalisation d’une utopie, celle de la « culture pour tous » chère à Malraux, aux héritiers du Front populaire et du Conseil national de la Résistance !

Notons également que nos archives sont entreposées dans le futur lieu de l’Electro, grâce à la directrice du Patrimoine, Laurence Le Cieux, et doivent être nettoyées et rangées. Pour cela nous faisons appel à vos bonnes volontés.

Enfin je voudrais évoquer la rédaction d’une convention de partenariat entre le Volcan et notre association. Deux administratrices, Josépha Cuvier et Mary Berkelmans, y travaillent avec Jean-François Driant et Emmanuelle Roeschlaub, nouvelle secrétaire générale.

En tant que « spectateurs actifs » aujourd’hui, nous développons deux axes :
Le soutien aux créateurs et la formation du spectateur, c’est-à-dire le partage. Nous parlons de « culture partagée ».
Nous avons donc poursuivi notre soutien aux créateurs avec un portrait d’artiste, celui du cinéaste Matthieu Serveau, par Jocelyn Brudey. Ce 12 décembre, jour de l’inauguration du tramway pour certains, fut pour nous l’occasion d’une création originale pour parler d’un créateur qui lui-même livrait sa vision d’un autre créateur. Ce fut aussi l’occasion d’un partenariat avec le cinéma le Sirius et les Amis du Sirius. Vous remarquez que nos actions se réalisent en commun avec des partenaires que nous soutenons.

Nous avons aussi organisé, en partenariat avec l’association MARC, qui réunit des médiateurs culturels dans les établissements culturels de notre agglomération, et le théâtre de la Manicle, installé au Satellite Brindeau, une Grande conversation approfondissant la notion de culture et démocratie entamée lors de la journée d’études du cinquantenaire de la MCH. Le directeur de la revue Cassandre, Nicolas Roméas, en a été l’invité. C’est une revue qui mérite notre soutien car elle a un haut niveau d’exigence.

Il s’agissait de réfléchir au rôle de l’artiste dans notre société. Nous avions intitulé cette conversation d’un genre nouveau – parce qu’elle jugeait le débat plus important que le discours – « l’Art comme l’air qu’on respire ». Pour Nicolas Roméas, les artistes ont un rôle vital dans une société en péril. Menacent en effet la robotisation, la déshumanisation, la marchandisation due au néolibéralisme. Le monde du chiffre opposé au monde de l’imaginaire, du symbole, de la parole.
Il a utilisé de manière provocatrice le terme de 3ème guerre mondiale pour nous faire prendre conscience des enjeux et des dangers de notre société : pour lui c’est l’humain qui, à son sens, est en danger.
Cette grande conversation a été aussi l’occasion d’interventions musicales et picturales. Vous retrouvez ces moments sur notre site www.asso-maisondelaculture.fr

Enfin nous avons également mis en place cette année une rubrique des spectateurs, grâce à des adhérentes, Christine Labourdette, puis Christine Baron, rejointes par Sylvette Bonnamour et Mary Berkelmans, sans oublier Blandine Donneau.
Elle est née parce que nous éprouvons un grand plaisir à partager des impressions, des sentiments et des savoirs, sur des spectacles vus au Volcan ou ailleurs. Vous vous souvenez sans doute des spectacles « Que faire ? », « Guns guns guns », « Solness », « L’augmentation »…. C’est vrai, nous ne sommes ni des journalistes ni des critiques reconnus, nous sommes « un public » et nous avons rédigé quelques textes parce que  chaque vision est subjective et qu’elle s’enrichit d’être exprimée par des mots mis sur des émotions, des réactions et des images. Elle se nourrit d’échanges, de confrontation avec les autres. C’est ainsi que les discussions après spectacles se sont révélées passionnantes ! Retrouvez les articles sur notre site.

Dernier point : nous essayons d’organiser, comme certains nous l’ont demandé, des sorties à l’opéra, parce que c’est un genre artistique malheureusement peu présent sur les scènes de notre agglomération. Notre première sortie a été difficile à organiser : pas assez d’inscrits. Etait-ce le caractère trop moderne de l’œuvre proposée, Wozzek d’Alban Berg, qui vous a effrayés ? Nous vous avons alors proposé une excursion à Giverny, associant un concert de musique de chambre des solistes de l’Opéra de Rouen et une visite de l’exposition Signac. Nous avons dû tâtonner entre un nombre d’inscrits d’abord insuffisant pour remplir le car que nous avions loué, puis un afflux de demandes quand nous avons élargi au-delà de notre association, la publicité pour cette excursion.
Quelques semaines plus tard, la sortie à Rouen pour Fidelio a été une jolie réussite grâce à Flora Fiszlewitcz.
Ayant tiré des leçons de ces premières expériences, nous pouvons vous proposer 3 sorties à l’opéra de Rouen, le 6 octobre pour la Damnation de Faust de Berlioz, le 2 février pour le Vaisseau fantôme de Wagner, le 11 mai pour Didon et Enée de Purcell. Inscrivez-vous vite pour la Damnation afin que nous puissions réserver vos places avant la mi-juillet.

En conclusion, vous avez devant vous une équipe rajeunie et active. J’espère vous avoir convaincus que le rôle et les actions de notre association sont légitimes et nécessaires, et que notre équipe les prend à cœur.
Nous comptons sur vous pour nous soutenir et faire adhérer vos relations et amis.

Interrogeons le mot « culture » lui-même. Faisons en sorte qu’il ne clive pas. Ceux qui sont cultivés, ceux qui ne le sont pas. Ceux qui cherchent à « donner accès à la culture au plus grand nombre », ceux qui se méfient de la culture ou s’en jugent « en dehors ». C’est l’occasion de dire que notre époque est différente de la 2ème moitié du XXème siècle, nous préférons parler de « culture partagée ».

Comme Nicolas Roméas nous l’a dit, l’art n’est pas en dehors du monde. Sa force tient à sa capacité à exprimer ce monde en le symbolisant. Nous, publics, nous remercions les artistes et les professionnels qui nous offrent généreusement l’un des outils les plus efficaces pour se comprendre soi-même et transformer notre regard sur le monde.

Isabelle Royer, Présidente

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