Assemblée générale juin 2008

Présentation du rapport moral de la présidente :

« En tant que nouvelle présidente, je vous présente ce premier rapport sous le double signe de la lucidité et du volontarisme. Il s’articulera autour de 3 chapitres : la culture entre deux siècles, le Volcan dans son histoire, la dynamique associative. 

A- La culture au 21ème siècle 

  • Des questions de fond

Notre époque connaît de nombreux changements : une révolution technologique développant une ère de communication sans précédents, une marchandisation générale, une appréciation financière de toutes les activités au dépens de leur finalité, toutes ces évolutions nous interrogent sur notre existence même.

Pour certains, l’idéal de Malraux est dépassé :

  • « La culture pour tous » ! pourquoi faire ? entre la massification

et la démocratisation de la culture, quelle différence ? à l’ère des industries « culturelles » , pourquoi des spectacles vivants de qualité ? à l’époque de la RGPP ( révision générale des politiques publiques ), quelle culture ? et quelle politique culturelle ?

  • Une association donnant la parole aux spectateurs ! Quel intérêt ?

Ne sommes-nous pas, nous adhérents fidèles et entêtés, des empêcheurs de gérer efficacement ces institutions ? pourquoi ne nous contentons-nous pas d’être des clients, des consommateurs, des publics ? pourquoi tenons-nous à être des citoyens ?

  • Des « scènes nationales » ! pourquoi pas municipales ou régionales ?

Cette année, les entretiens de Valois (équivalent du Grenelle de l’environnement) s’interrogent sur la pertinence du label des « scènes nationales », alors que le nombre de structures, de partenaires, de programmations, a augmenté et que la voix de l’Etat semble affaiblie par la décentralisation. Je me suis rendue, avec Claudine Lelièvre, à l’assemblée générale de l’Association des scènes nationales réunie le 17 mai 2008 : nous nous sommes également posé la question de l’identité des scènes nationales.

  • Des réponses convergentes 
  • En fait, ce qui distingue une maison comme la nôtre et fait la richesse des « scènes nationales »  repose sur la pluridisciplinarité, l’ouverture à toutes sortes de spectacles, pour tous : un projet, une équipe, un territoire, des missions de création, une ouverture la plus large possible sur les publics. C’est finalement la conclusion récente des entretiens de Valois qui ne préconisent pas la suppression des labels mais au contraire leur reconnaissent un rôle positif.

Ajoutons la préoccupation du « sens » : le directeur, comme notre association, ne se contente pas d’une logique de consommation. Remplir les salles c’est bien, mais ce n’est pas tout ! Les directeurs se préoccupent aussi de la formation des publics, avant et après les représentations.

Voici ce que nous, militants culturels, revendiquons : notre société a besoin d’histoires, et de parole. L’être humain n’est pas seulement un consommateur, un comptable, un travailleur, un acheteur de loisirs. Il est un acteur, un créateur, et les artistes , de tous temps, ont fortifié son intelligence et son cœur.

  • Beaucoup parmi nous, en France, sont attachés à la forme de ces associations parce qu’elles sont des lieux où sont partenaires l’Etat – qui joue un rôle de garde-fou – et la Ville, où le directeur défend son projet et où le président joue, avec les adhérents, le rôle d’interface avec la population. Ma visite à Paris m’a renforcée dans l’idée du rôle prééminent de notre association. Car elle remplit une fonction de vigilance non seulement sur la bonne gestion des comptes publics mais aussi sur la qualité artistique et la formation des publics.

J’ai accepté d’être la vice-présidente du conseil d’administration de cette association parce que je juge important de représenter le Volcan (1ère maison de la culture de France) dans le paysage culturel national 

B – Le Volcan dans son histoire 

De son côté, le Volcan est dans une période de turbulences : changement de directeur, de président, nécessité de la réhabilitation des bâtiments, donc de la fermeture provisoire des locaux ( dont vous parlera brièvement F. Baillehache ) . 

  • Des inquiétudes

Pour 52 spectacles (16 théâtre, 13 danse, 2 cirque, 21 musique) et 81 représentations, ces derniers mois ont vu l’éloignement de certains publics : en 2007-2008, nous avons eu 24 186 spectateurs, dont 7 620 abonnements, soit un taux de remplissage de 55% .

En 2006-2007, nous avions vendu 20 140 places pour 136 représentations, soit un taux de remplissage de 49% (4 489 abonnés).

Mais en 2005, pour 99 représentations, le Volcan comptabilisait 38 104 spectateurs, soit un taux de remplissage de 73%.

Les détracteurs du Volcan n’ont-ils pas raison ? Ne sommes-nous pas à la fin d’un cycle ?

La programmation trimestrielle, le choix de certains spectacles, le changement des stratégies de communication, ont désarçonné certains spectateurs : certains spectacles qui auraient dû remplir les salles ne l’ont pas fait. D’autres, comme le concert de musique contemporaine avec Steve Reich, ont fait salle comble. On doit se demander pourquoi, en termes de communication, de diffusion de l’information, de rapports avec la presse, de sensibilisation des publics, dans les quartiers par exemple.

Certes, ce n’est pas toujours facile d’être un successeur : notre nouveau directeur a un projet pour notre maison – renouveler les publics, en particulier attirer les jeunes (Le Havre compte 27% de jeunes ), proposer d’autres formes de spectacles – Il l’inscrit dans ce qu’il appelle « les humanités du 21ème siècle » : cette alliance de deux mots opposés, cet oxymore, affiche les fondements mais aussi les difficultés de ses ambitions, c’est-à-dire mêler la présentation de notre héritage patrimonial, et celle de la modernité, l’avant-garde du 21ème siècle, il vous en parlera tout à l’heure.

D’une manière générale, certains regrettent que l’image pour l’image, parfois le clinquant technique, soient privilégiés au détriment du texte, du discours construit et de la réflexion. Car la Maison de la Culture est aussi un lieu de transmission et certains enseignants regrettent qu’elle semble s’éloigner de sa riche tradition théâtrale de toujours, de Bernard Mounier et le Théâtre de la Salamandre à Alain Milianti (en 2004 les enseignants représentaient 23% des spectateurs, les lycéens 27%).

Pour l’Eden, la chute de fréquentation (581 spectateurs en moyenne par semaine, après 683 en 2006/2007, 1200 en 2005/2006) suscite nos interrogations : les Havrais ne sont-ils pas cinéphiles ? Préfèrent-ils regarder les films chez eux grâce au multimédia ? Ou bien plus simplement, les mesures prises à la rentrée 2006 n’ont-elles pas amené cette régression préoccupante ? 

  • Les perspectives
  • Pour le budget, nous nous réjouissons de l’effort significatif des financeurs publics :

4 232 000 euros en 2007, montant supérieur à l’année 2004 (3 262 000 euros).Comme vous l’expliquera notre trésorier Eric. Charnay, le résultat est excédentaire + 145 000 euros (c’est-à-dire 2% du budget) : cet excédent, qui semble un peu élevé, constitue une réserve obligée pour payer des indemnités de licenciement et réaliser certains projets retardés quelques mois par des travaux de sécurisation des bâtiments.

Le disponible pour les activités artistiques dont vous savez qu’il est notre souci principal depuis plusieurs années, a légèrement progressé, ce qui prouve les efforts de la maison pour répondre aux injonctions des Tutelles.

  • Disons que la transition entre les deux directeurs, marquée par une période d’observation entre JF Driant et son public havrais, est lentement en train de s’achever. Des spectateurs, peu à peu, reviennent, rassurés sur la capacité d’écoute et d’accueil du directeur : le nombre de places éditées remontent lentement. La tendance est à l’achat ponctuel de places (68,5%), par curiosité, les abonnements deviennent une minorité.

Environ 510 personnes ont assisté à la soirée de présentation de saison 2008-2009. La nouvelle saison s’annonce riche en découverte et en diversité : gageons que nous serons émus et enthousiasmés comme nous l’aimons !

  • Notre espoir se tourne vers les partenaires historiques de la maison, les enseignants. En effet l’éducation artistique est un des piliers majeurs de la bonne santé de notre société. Il est vrai que toutes sortes de spectacles vivants peuvent ouvrir l’esprit des élèves, à condition de leur en donner les codes : avec le soutien et l’accueil indéfectible des membres du Volcan, les enseignants et l’équipe professionnelle ne peuvent-ils pas œuvrer ensemble? Avec les jeunes générations, il s’agit, non seulement de susciter des curiosités, mais aussi de croiser des regards, d’échanger des commentaires, des questions, des analyses, des critiques.
  • Pour nos missions de production et de coproduction, la maison a soutenu nos artistes associés De Bie et Laubu, (beaucoup de spectateurs ont découvert avec curiosité et plaisir ces spectacles d’une forme nouvelle),David Grimal, dont la réputation n’est plus à faire, également Hervé Robbe, ainsi que des jeunes créateurs dans le cadre de la Fabrique, elle a aidé à la production Art’s Fusion et Akté, et la Manicle (aide à la compagnie). Les pourcentages des productions (3% du budget), des coproductions (6%) pour l’année 2007 sont décevants mais la saison prochaine sera plus riche (13% ). Vos représentants mènent un débat avec la direction sur l’articulation entre programmation et création.
  • D’autre part, dans le cadre de projets d’insertion et d’animation de la cité, Maryse Ricouard a organisé cette année 65 tables de lecture (25 pour un public d’allocataires du RMI, 40 pour un public des quartiers), autour de 9 textes de théâtre joués sur nos plateaux. Le coût total du projet a été de 103 389 euros financé par des fonds spécifiques Contrat Urbain Cohésion Sociale : le Département (58 000) complété par l’Etat  (8500), la Ville (8500), la CAF (13 000), et le fonds social européen. Ce dispositif permet l’édition de 3000 billets pour tous les spectacles au profit d’habitants en grande difficulté financière. On peut noter que les hommes et les jeunes sont difficiles à mobiliser. Or si les objectifs de lutte contre l’illettrisme, d’insertion culturelle, de formation, sont particulièrement importants pour une ville industrielle comme le Havre, c’est toute une politique qui est en jeu.
  • Pour l’équipe professionnelle, la venue d’un nouvel administrateur, Rodolphe Di Sabatino , qui a travaillé 8 ans à la scène nationale de Bourges, fait espérer une amélioration de la vie quotidienne de la maison.

Olivier Lefèbvre est un nouveau responsable des relations avec les publics dont on apprécie déjà les qualités d’écoute.

  • Pour l’Eden, un groupe de travail de l’association réuni autour de M. Joste vous présentera les résultats de son analyse. Nous avons des leviers pour redresser la situation : revenir sur la diminution du nombre de séances et une répartition des séances mal adaptée aux habitudes des havrais, résoudre des problèmes de diffusion de l’information, réfléchir à une politique de programmation intégrée dans les offres cinématographiques au Havre, accentuer le volet « formation à l’image ». En octobre, une réunion thématique nous permettra à tous d’approfondir la question, avec l’aide de S. Fortin et des membres de son équipe : l’idée est de faire de l’Eden une référence dans l’Art et Essai.

C – La vie associative

Nous faisons face à la diminution du nombre d’adhérents (254 au lieu des 458 en 2005 ou 663 en 2004). Que se passe-t-il ? Est-ce démodé d’être un militant culturel ? Est-ce inutile ? Ou bien souffrons-nous du désamour du public pour le Volcan d’aujourd’hui ? A vous de nous le dire !

Je viens d’être élue présidente de l’association : enseignante de lettres, je pense que ma conviction et mon expérience du rôle de la culture dans la formation et la maturation des jeunes, guident mon engagement à ce poste. Pour moi, la culture, ce n’est pas seulement du divertissement. Et ce n’est pas « un truc de vieux » !

D’abord notre nouveau Bureau a créé des groupes de travail autour des dossiers majeurs de la maison et régulièrement chaque représentant vous en présentera les conclusions pour vous informer et débattre avec vous. Par exemple, Betty Marais, Pauline Lesieur et Thierry Comet sont chargés de l’observation des publics.

Une nouvelle campagne d’adhésions est nécessaire : ces adhérents, nous les accueillons d’emblée dans notre Assemblée générale, puisque nous avons jugé que le système de cooptations était obsolète et limitait notre ouverture (Ghislaine Chastanet et Laetitia Raux rédigent un texte qu’elles soumettront à notre vote prochainement).

Nous sommes partie prenante des conférences de l’Université populaire organisées par le Volcan avec Florence Lafond, en partenariat avec B. Steck , vice-président de l’Université, qui vient d’être élu au Conseil d’administration, et nous nous réjouissons du succès des derniers ateliers.

Madame Khamsa Berrehil est chargée de mettre en œuvre une grande soirée festive autour des années 68, en collaboration avec Albert Perrot et des associations havraises, au dernier trimestre de l’année 2008.

Nous vous inviterons à des soirées « découvertes » comme le directeur l’a fait pour l’exposition du Volcan numérique.

Enfin nous mettons en place des Assemblées thématiques autour des enjeux qui nous sont chers : la « saison  et la programmation » en septembre, l’Eden en octobre, la réhabilitation des bâtiments en 2009. Autant d’occasions d’approfondir notre réflexion et de dialoguer avec l’équipe professionnelle.

Souvenons-nous que l’association a une responsabilité juridique et financière : elle joue aussi un rôle de garant des missions de la maison et de l’indépendance du directeur. Notre regard critique fait de nous des « veilleurs ».

Non, notre association n’est pas démodée.

Elle connaît son acte de naissance, il y a presque 50 ans, les bonnes et les mauvaises fées qui se sont penchées sur son berceau. Mais elle regarde aussi vers l’avenir : elle sait que si l’art est la part d’immortalité de l’homme comme le disait André Malraux, il est aussi sa part d’humanité. »

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