Albert Perrot est décédé

Sa présidence de la Maison de la culture du Havre de 1983 à 1985 s’inscrit dans un engagement de toute une vie pour la culture et le monde ouvrier. En effet, Albert Perrot était devenu membre de l’assemblée générale de la Maison de la culture dès 1964, soit seulement trois ans après la création de la première maison de la culture par André Malraux.  Il entra en 1966 au conseil d’administration, puis tint les fonctions successives de trésorier et de vice-président. Il mena avec Bernard Mounier, le directeur, une véritable politique culturelle décentralisée grâce à l’action de la commission de coordination culturelle de Tourisme et Travail. Élu président de la Maison de la culture du Havre le 5 octobre 1983, réélu en juin 1984, Albert Perrot était alors le seul ouvrier en France avoir occupé un poste de président d’une Maison de la culture. Il accueillit en mai 1985 les premières rencontres nationales « Culture et monde du travail » qui eurent lieu au Havre, sous l’égide du ministère de la Culture. Il démissionna de ses fonctions de président, le 1er juin 1985, à la suite de désaccords profonds sur le choix des nouveaux directeurs et la nouvelle orientation de la MCH.

Même après sa démission, il participa aux assemblées générales de la Maison de la culture, rappelant de sa voix forte sa conviction de la nécessité de liens étroits et décentralisés entre la culture et le monde du travail. Lorsqu’en 2009, la ville du Havre et l’Etat décidèrent de créer un établissement public de coopération culturelle pour gérer les activités de ce qui était devenu  en 1991 une scène nationale, connue à partir des années 90 sous le nom de « Volcan », il resta fidèle à notre association qui avait décidé de se maintenir et de continuer à rassembler le public citoyen soucieux de perpétuer et transmettre l’idéal de spectateurs impliqués dans la construction de la culture, acteurs et pas seulement consommateurs.

Pour le cinquantenaire de notre association, il avait témoigné lors du colloque que nous avions organisé en janvier 2012 au théâtre de l’Hôtel de Ville (lieu historique de la Maison de la culture). Laurent Mathieu et Christian Clères, réalisateurs du documentaire  « Le Rêve d’un culture partagée. Une aventure havraise » avaient aussi recueilli son témoignage.

Nous pouvons retrouver son sourire, ses souvenirs et ses convictions dans le livre que notre association vient de publier aux Presses universitaires de Rouen et du Havre « Culture et démocratie. Une histoire de la Maison de la culture du Havre ». Il était trop malade pour venir célébrer avec nous la parution de cet ouvrage le 4 novembre à la Galerne, mais sa forte parole nous accompagnait.

Nous adressons à ses proches nos plus sincères condoléances et lui redonnons la parole: « (…) pour moi, ce qu’il faut d’abord retenir, c’est que nous avions gagné. Nous avions réussi à attirer des Havrais de condition modeste à la culture. »

Pour en savoir plus sur la vie d’Albert Perrot, voir la notice biographique publié par l’Institut CGT d’histoire sociale, qu’il contribua à créer après avoir occupé des responsabilités à la CGT tout au long de sa vie professionnelle à l’usine Mazeline, devenue Dresser-Rand.

Comments

  • By HERVIEU MariePaule - on

    Comme l’article fait référence à l’institut d’histoire sociale de la CGT- 76 (dont je suis membre) , je me permets de rappeler que dans le livre publié aux Presses universitaires de Rouen et du Havre, en 2007, intitulé « Communistes au Havre – Histoire sociale, culturelle et politique-1930-1983) », je fais référence 37 fois au nom et au livre d’Albert Perrot, sur Tourisme et Travail, la maison de Clécy, La CGT et la grande grève de chez Mazeline (1965-1966), 1968, les peintres chiliens de la brigade Luis Corvalan, la pièce d’André Benedetto, l’association de gestion de la MCH, la commande à Enzo Corman, les albums de photo de Pierre Le Gall sur Dresser, l’évolution des rapports d’Albert avec la CGT et ses camarades communistes. J’ai travaillé et rencontré à de multiples reprises Albert pour la thèse et le livre qui s’y rapporte. J’avais pour lui une grande amitié et beaucoup d’estime pour son engagement et son action syndicale et culturelle. Je pense aussi à sa femme disparue, Marie-Françoise qui l’a si fortement accompagné. Amitiés. Marie-Paule Dhaille Hervieu.

  • By SIMON Yoland - on

    Il est des hommes dont la geste grandiose ou modeste est magnifiée par une voix dont s’imposent les accents et la tessiture. Telle était celle d’Albert, tonitruante et touchante, vibrante et révoltée et soutenant avec obstination une même cause : celle du monde ouvrier. Certains l’entendirent dans les usines où il travaillait et luttait contre tant d’injustices. D’autres, comme moi, l’écoutèrent dans des enceintes culturelles, bastilles à conquérir pour offrir à tous l’accès à un gai savoir. En ces temps de si terribles régressions, n’oublions pas cette voix qui persistait dans ses combats et gardons le souvenir de l’homme et de ses indignations.

    Yoland Simon (président de la Maison de la culture de 1985 à 1990)

  • By CLERES Christian - on

    C’est une bien triste nouvelle.
    Notre rencontre avec Monsieur Perrot restera pour toute l’équipe du film un moment magnifique.
    Transmettez nos pensées respectueuses et émues à toute sa famille, ainsi qu’aux membres de votre association et à tous ses amis, notamment ce vendredi 18 novembre.
    Bien cordialement,
    Christian Clères (co-réalisateur avec Laurent Mathieu du documentaire « le Rêve d’une culture partagée. Une aventure havraise. » (Scotto productions (2013)

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